Septime Meunier - Publié le 05/06/2012

Peut-il le faire ?

"Je vais me jeter dans la bataille comme un lion. On verra ce que cela va donner". Jo-Wilfried Tsonga ne paraît pas impressionné avant son choc des quarts de finale contre Novak Djokovic. Pour l'instant au niveau des confrontations directes, les deux hommes sont à égalité cinq victoires chacun. Un succès du Français le ferait basculer dans un gotha très fermé. Seuls en effet Rafael Nadal, Roger Federer et Andy Roddick ont un ratio positif face au Serbe. Gaël Monfils s'est par exemple incliné à huit reprises en autant de rencontres contre Djokovic. Tsonga a donc un jeu qui ne convient pas vraiment au triple vainqueur de l'Open d'Australie. L'Australie ce fut le lieu de leur premier affrontement mais aussi du match le plus important entre eux, la finale de l'édition 2008. Le Manceau s'inclina en quatre sets mais fut tout proche d'amener son adversaire à disputer une cinquième manche décisive où il aurait sans doute pris l'avantage physiquement. Il prit sa revanche en finale à Bangkok six mois après. Tsonga n'est plus le même depuis, notamment au niveau de l'explosivité. Il n'a plus battu Djokovic sur un terrain depuis leur quart de finale à Melbourne en 2010, car « Nole » s'était retiré avant le début du match à Bercy l'an passé. Le Serbe a remporté 4 de leurs 5 derniers duels, ce qui correspond à sa montée en puissance et à son installation au sommet du tennis mondial.

Le rendez-vous du "Djoko Slam"

"Je pense que Novak aura davantage de pression que moi car il doit gagner pour réaliser son Grand Chelem. Moi, j'ai fait mon meilleur résultat ici, je n'ai plus de pression et rien à perdre contre le numéro un mondial", a prévenu Tsonga. La perspective du « Djoko Slam » peut soit perturber soit galvaniser le Serbe. Contre Seppi, l'origine de sa défaillance presque fatale est délicate à déterminer. Connut-il un simple jour sans ou bien fut-il rattrapé par la pression face à l'énorme exploit qui l'attend peut-être en finale dimanche ? On serait tenté de dire que l'alerte vécue par Djokovic contre l'Italien n'est pas une bonne chose pour Tsonga car le numéro un mondial sera sur ses gardes dès les premiers échanges. Dans ces conditions, l'apport du public sera déterminant, et le numéro un tricolore devra pour gagner son soutien enflammer le match comme ne parvint pas totalement à le faire Richard Gasquet hier devant Andy Murray. "Jo-Wilfried est le chouchou ici. C'est le régional de l'étape. Il adore les grands matchs, il adore la pression, il adore les grands stades. Nous sommes en quarts de finale et il n'y a plus de favori qui se dégage". Reste que la terre battue, pour laquelle Tsonga clame sans cesse un amour débordant mais un rien velléitaire, est de loin la surface qui lui réussit le moins. Et les conditions humides dans lesquelles se dérouleront constituent un handicap lourd pour le cinquième mondial. La France du tennis attend un successeur à Yannick Noah depuis 1983. Pour s'approcher un peu plus du rêve, Tsonga doit déjà abattre un mur gigantesque aujourd'hui.