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Physique

Adapter la préparation physique pour les jeunes

Chapô: 

Le jeune joueur doit avoir un répertoire moteur assez large, de bonnes qualités de coordination générales, et être capable de maitriser un peu l'ensemble des sports collectifs afin de ne pas tomber dans le tout-spécifique.

Le début de l'échauffement des jeunes au Lagardère Paris Racing - © Tennisleader
Le début de l'échauffement des jeunes au Lagardère Paris Racing - © Tennisleader

Il y a un "âge d'or" entre huit et douze ans pour le développement des qualités physiques de vitesse. C'est aussi dans cette fenêtre que les enfants ont des prédispositions pour améliorer tout ce qui est coordination neurosmusculaire. L'âge idéal pour développer les qualités énergétiques se situe plus durant la période de croissance entre douze et seize ans, parce qu'elle correspond à des modifications hormonales. C'est à cette période qu'on va mettre l'accent sur l'aérobie et la force, car les effets de l'entraînement sont "dopés" par les modifications hormonales qui caractérisent la phase pubertaire.

Vincent Lamarque est le préparateur physique du Lagardère Paris Racing. Il a travaillé notamment sur le circuit WTA avec des joueuses comme Mandy Minella, Aravane Rezai et Alizé Lim.


La musculation n'est pas prohibée

Croire que la musculation est formellement contre-indiquée chez les jeunes fait partie de ces idées reçues qu'à une certaine époque on a véhiculé, y compris dans les revues les plus sérieuses. Il y a encore des médecins de ligue ou du sport qui ont cette tendance à interdire formellement la musculation aux jeunes, même si je comprends qu'on tienne un discours un peu préventif. Car, à l'inverse, il y aussi des gens qui savent désormais que ce n'est pas déconseillé, mais qui ne le font pas bien. Dans ces cas-là, oui, cela devient dangereux, ce qui explique la prudence du corps médical.

Pas de spécifique trop tôt

Il y a une autre tendance à laquelle il faut faire attention c'est qu'au tennis on a une propension à aller très vite vers du spécifique, c'est-à-dire d'orienter énormément la préparation physique en fonction de l'activité des enfants. On essaie trop de faire des choses en lien direct avec le tennis. Théoriquement c'est positif. Mais cette approche vient du haut niveau où on se dit que le travail physique doit être très proche de ce qui se passe sur le terrain. A mon avis ceci n'est valable qu'à partir d'un certain âge, quand on rentre dans les points de détail. Il faut à mon sens attendre la dernière phase de la puberté, vers 16-18 ans. Avant on développe le moteur et des qualités physiques relativement générales, et il y a déjà beaucoup à faire. Une bonne «caisse» en endurance est nécessaire. Il faut que sur le plan du renforcement musculaire ce soit à peu près équilibré, qu'on ait préparé l'adolescent à aller vers des charges un peu plus lourdes. Au niveau des étirements et de la prévention ce doit être bien calé. C'est ensuite qu'on va commencer à se poser la question d'avoir une démarche hyper ciblée sur son profil de jeu, et en fonction, quels objectifs on se fixe sur le plan physique dans le développement des qualités musculaires ou énergétiques. De plus en plus la préparation physique en général se travaille raquette en main. Cette évolution s'est répercutée chez les plus jeunes, et si ça a du bon par certains aspects, il faut bien veiller à ne pas faire que ça.

Enrichir le répertoire moteur

A l'opposé du spécifique dans le cadre de la formation chez les plus jeunes je pense qu'il ne faut pas oublier les bases, à savoir l'éducation sportive. Découvrir un maximum d'activités, enrichir le répertoire moteur de l'enfant, c'est ça la priorité. Pour développer des qualités physiques générales, utiliser des sports collectifs est intéressant puisque le tennis est un sport individuel. Au Lagardère Paris Racing, on a un cadre exceptionnel, qui nous permet de faire beaucoup d'autres activités que le tennis On a une piscine olympique, des espaces pour faire du volley, de l'athlétisme, du basket, du hand, du foot et vélo. Mais je pense qu'on sous-exploite encore trop cette possibilité et on se cantonne à faire du travail de vitesse de démarrage parce qu'on sait qu'au tennis c'est primordial.

Combattre les faiblesses de coordination

Les enfants font régulièrement des exercices de coordination dans des plots. C'est très bien. Cependant parfois on se retrouve confrontés à des jeunes de 10-12 ans avec de très fortes habiletés spécifiques au tennis, capables de réaliser plein de choses raquette en main mais ballon au pied ils seront incapables de faire quoi que ce soit, car ils ne connaissent que la petite balle jaune. C'est parce que depuis l'âge de 8 ans, on les a complètement orienté dans cette voie. Tout, de la préparation physique aux sports pratiqués à côté, est fait dans l'optique tennis. Du coup les enfants qui peuvent paraître très évolués tennistiquement n'ont aucune faculté particulière dans les autres disciplines par rapport à d'autres enfants alors que ce sont censés être des sportifs.

Aimer le sport en général

D'ailleurs l'expérience que j'ai eue durant trois ans sur le circuit m'a permis de voir qu'il y a beaucoup de joueurs et de joueuses qui adorent le football et les autres sports collectifs, et qui pratiquent ces activités dès qu'ils sortent de l'entrainement. Il y a des espaces sur les tournois à l'étranger comme par exemple une pelouse incroyable à Indian Wells où l'on voit tout le temps des joueurs faire du foot, du frisbee, des jeux avec ballon pour se détendre. Ce sont des gens qui au-delà de leur activité ont une vraie passion pour le sport en général et qui savent faire autre chose que frapper dans une balle. Aujourd'hui je trouve que l'on perd un peu ça. Dans les rassemblements nationaux et lors des détections de jeunes on est confronté à des personnes extrêmement douées avec la raquette mais qui paraissent perdues sans, c'est dommage.

La préparation passe avant la compétition

Chez les jeunes, il n'y a pas de compétitions qui seraient prioritaires par rapport au physique. C'est en tout cas l'angle de travail du préparateur, qui considère que leur formation doit primer. On ne doit pas axer toute leur préparation sur un tournoi en particulier, même si c'est les Petits As ou l'Orange Bowl. Les parents, mais aussi les enfants tombent régulièrement dans ce piège. Ils entendent pas mal de choses venant du haut niveau et il y a une tendance à vouloir calquer ce discours chez les plus jeunes. J'ai des pères ou des mères qui me disent parfois en parlant de leur enfant: «attention il est en compétition jeudi, il peut éventuellement faire ça lundi, mardi on lève un peu le pied, mercredi il ne fait rien du tout, comme ça il va arriver en super forme ». Ils se trompent en voulant absolument faire comme les joueurs pro, alors qu'ils n'en sont pas encore là du tout.

Vos commentaires

Excellent article , beaucoup de notions très utiles. C'est très intéressant de lire des choses sur ce sujet, abordées de manière réfléchie et professionnelle.
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